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"Comment l'inflation pourrait-elle réapparaître ?" (Edmond de Rothschild AM)
information fournie par Boursorama 28/10/2015 à 18:50

L'inflation reste proche de 0% dans la plupart des pays développés, mais ce phénomène n'est pas inéluctable, rappelle Philippe Uzan (Edmond de Rothschild AM).

L'inflation reste proche de 0% dans la plupart des pays développés, mais ce phénomène n'est pas inéluctable, rappelle Philippe Uzan (Edmond de Rothschild AM).

On le sait : l'inflation est statistiquement très faible depuis plus d'un an dans la plupart des pays développés, et beaucoup d'économistes déplorent cet état de fait. Mais comment l'inflation pourrait-elle refaire surface ? L'analyse d'Edmond de Rothschild AM.

En économie, on sait que l'inflation est généralement bonne à petite dose. Par ce phénomène, les dettes se réduisent avec le temps et l'épargne aussi, ce qui pousse dans les deux cas les particuliers à consommer davantage et sans attendre, entretenant un cercle économique expansif incluant une hausse progressive des salaires et des prix.

Si l'inflation devient trop élevée, le phénomène devient problématique, avec l'apparition d'un éventuel manque de confiance dans la monnaie. L'inverse est aussi problématique : une absence totale d'inflation, qui peut vite tourner à la déflation, pousse les particuliers à repousser leur consommation au lendemain, entretenant cette fois-ci un cercle vicieux de morosité économique auto-entretenue. Tels sont actuellement les risques qui concernent la plupart des pays développés, qui enregistrent une « inflation zéro ».

Les sources actuelles de la faible inflation

Avant d'envisager les mécanismes susceptibles de faire revenir davantage d'inflation dans le monde développé, Philippe Uzan, directeur des gestions « long only » chez Edmond de Rothschild AM, revient sur les principales causes de l'actuelle « désinflation » au niveau mondial, dans une note de conjoncture mensuelle.

Du côté des causes de long terme, la « mondialisation » est citée comme la cause principale, du fait que les produits puissent être réalisés à l'étranger de manière à ce que leur coût de fabrication, et donc leur prix, soit durablement le plus faible possible. Autre source de désinflation à long terme : le développement de nouveaux modèles économiques à faible coûts fixes, parmi lesquels Philippe Uzan cite le « low cost, l'économie collaborative, et la vente via Internet ».

A plus court terme, le mouvement de désinflation est accentué par « les prix des matières premières », qui ont beaucoup baissé depuis le début de l'année, notamment cet été. À cela s'ajoute « le désendettement des ménages », notamment aux Etats-Unis, « la réduction des déficits publics », notamment en Europe, ainsi que l'« assainissement des bilans bancaires », qui se poursuit encore même si le travail dans ce domaine a surtout été réalisé peu après la crise de 2008-2009.

Ces éléments conjugués poussent à une absence de montée globale des prix dans les pays développés. C'est pour combattre les risques de déflation que les banques centrales ont débuté des plans de relance monétaire (« quantitative easing »), consistant à racheter massivement des actifs sur les marchés pour injecter de la monnaie dans le circuit financier et provoquer, à terme, un regain d'inflation. Néanmoins, « les effets théoriquement inflationnistes de l'abondance monétaire ont été initialement surestimés », explique Philippe Uzan. Pour autant, « il n'est pas acquis que la modération des prix, aussi installée semble-t-elle, perdure », poursuit-il.

Par quels moyens l'inflation pourrait-elle réapparaître ?

Plusieurs éléments pourraient en effet engendrer une remontée progressive de l'inflation selon le directeur des gestions d'Edmond de Rothschild AM.

Comme souvent, le mouvement viendrait des Etats-Unis. Le pays de l'oncle Sam se caractérise actuellement par une situation de quasi-plein emploi (5,1% de chômage dans la population active), susceptible d'entraîner les salaires à la hausse. Jusqu'ici, l'appréciation des salaires reste faible aux Etats-Unis, mais le mouvement pourrait apparaître progressivement.

« Certains pays européens voient également leurs salaires augmenter (Allemagne, Grande-Bretagne), [alors que] leur taux de chômage recule de manière sensible. La poursuite du cycle économique promet d'accentuer ces tendances », affirme Philippe Uzan.

La hausse des salaires pourrait entraîner une hausse de la consommation, tirant les prix à la hausse et participant ainsi au redémarrage d'un cycle d'inflation.

Par ailleurs, les matières premières ont désormais devant elles un large potentiel de rebond, même si celui-ci ne semble pas encore d'actualité. Il suffirait désormais d'un rebond lent et progressif des prix du pétrole pour que les « effets de base » participent significativement à l'augmentation de l'inflation. Un « effet de base » désigne le fait qu'après une forte baisse, le rebond d'un indice de prix représente une hausse importante en pourcentage.

La hausse des prix pourrait ainsi relancer des pratiques de consommation à crédit, actuellement employées avec prudence par les particuliers. « D'une désinflation marquée, on se rapprocherait vite alors des 2 % visés par la Fed », affirme ainsi Philippe Uzan. Avec au passage, une accélération de la croissance qui permettrait aux Etats de mieux soutenir le poids de leur dette publique.

Reste à savoir si un tel scénario pourrait se réaliser aussi simplement, alors que le cycle de reprise s'observe déjà depuis plus de cinq and aux Etats-Unis, et que les interrogations restent d'actualité sur un éventuel essoufflement de ce cycle.

X. Bargue (redaction@boursorama.fr)

14 commentaires

  • 29 octobre 08:40

    60 milliards d'euros par mois prêtés à taux zéro aux banques deviendraient 120 euros pour chacun des 500 millions d'européens et bien plus si ce programme est réservé à la zone euro .


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